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Lycée Edouard Herriot Lyon
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Le lycée Édouard Herriot est un lycée général et technologique avec des CPGE (Hypokhâgnes et Khâgnes) situé en centre ville (place Edgar Quinet, Lyon 6e).

Des témoignages
Article mis en ligne le 19 septembre 2016
dernière modification le 2 novembre 2016

par Annie Fabre, Matthieu Lecoutre

De bonnes raisons de choisir l’option Histoire-Géographie

Témoignage de Nabil M., septembre 2016, normalien, (ENS Lyon, Histoire-Géographie)

Une horreur. C’était une horreur. Nabil s’en souvient encore, il y repense régulièrement comme un des moments les plus humiliants de sa courte vie. Ses amis ne se privent pas de lui remémorer régulièrement ces minutes déplaisantes et désagréables, par des moqueries qu’ils pensent douces mais qui éveillent une douleur toujours si vive.

C’était il y a quatre ans, juste avant d’entrer en prépa littéraire – en cépégéheu comme le dirait APB. Il faut prononcer toutes les lettres, sinon, cela donne quelque chose comme « spgeuh » qu’un Queneau ne renierait cependant pas. Le restaurant (son nom a été effacé par la mémoire sélective) était bondé. Plutôt chic, dans le sixième arrondissement lyonnais. Ambiance guindée, clients argentés, serveurs pressés. Le repas s’était pour le moment déroulé à merveille, bien loin des pâtes et autres féculents habituels qui garnissent aujourd’hui encore ses assiettes estudiantines, sans compter les légumes surgelés.

Il avait pour le moment réussi à cacher sa méconnaissance de produits aussi culturels que consommables tel que le vin par des excuses éparses et confuses : « je ne bois pas d’alcool » avait-il répété à plusieurs reprises, convaincu. Il s’agissait alors d’éviter un embarras plus grand encore : il ne savait pas boire du vin, quel verre utiliser, et encore moins le déguster. Son palais n’aurait pas su différencier de la Villageoise d’un Château-Rothschild. Les questions de cru, de cépages, de vignes, de phylloxera lui étaient tout à fait absconses et vides de sens. Il n’en laissait cependant rien paraître, sirotant son Evian allègrement. Personne ne lui demanderait si son eau était bouchonnée ou si elle avait du caractère.

Le drame survint au moment du fromage. Troisième partie d’un repas qui n’a rien de dialectique puisqu’il en comporte quatre. Un serveur, bien habillé, dont l’odeur de transpiration se mêlait à celle d’un parfum hors de prix et à celle de la nourriture avait posé la question fatidique : « désirez-vous du fromageuh ? » (le E était très prononcé, dénotant un accent bourgeois assez parodique mais, somme toute, de circonstance).

« Hmm… Laissez-moi réfléchir… Je voudrais de la Vache Qui Rit ! ».

Les regards outrés des autres convives se tournèrent subitement vers Nabil, qui, semblait-il, avait, sans le savoir, violé et violenté une sorte de convention tacite dans ce type de restaurant, ladite convention stipulant que, non, la Vache Qui Rit n’est pas un fromage. Soucieux de ne paraître en rien choqué, le serveur, d’une éducation sans pareille, répondit cependant qu’il pouvait proposer de la Tomme de Savoie. Il tentait, ce faisant (le verbe, pas l’animal), de dissiper le malaise palpable qui s’était invité non pas seulement à la tablée mais dans l’entièreté du restaurant. Déconfit et gêné, la Tomme de Savoie fut commandée illico presto. Notre héros, qui était fort peu héros en ce moment, essaya tout de même d’esquisser un sourire qui aurait pu vouloir dire, et c’est en tout cas ce qu’il souhaitait, « mais non voyons, je rigolais ! », mais la mimique semblait plus proche de la grimace que du véritable signe de complicité et d’espièglerie.

Toi, cher lecteur qui ressens en te délectant de mes mésaventures une sorte de plaisir coupable et qui ris du malheur des autres, te demandes peut-être le lien logique qui existe entre l’épisode du restaurant et la spécialité histoire-géographie. Il est assez évident : si j’avais attendu de passer deux années en histoire-géo, cette déconfiture aurait plutôt été l’occasion de briller en société par une connaissance fine des vins et des fromages du territoire français. De l’Ossau-Iraty à la boulette d’Avesnes tout en passant par le crottin de Chavignol.

Voici, ainsi, une liste non exhaustive ce que signifie aller en spécialité histoire-géographie à l’issue de l’hypokhâgne :

  • Avoir 8h de spécialité dans une double-spécialité qui ne dit pas son nom, quand les théâtreux et les cinémas n’en ont que 4 (mais on les aime quand même parce que des pièces de théâtre ça rend quand même mieux qu’une exposition de schémas de géo ou de frises chronologiques pendant la Quinzaine des Arts) ;
  • De l’accrobranche en début d’année pour souder le groupe ;
  • Des centaines de dates à apprendre sur le bout des doigts qui seront en partie oubliées immédiatement après la première interrogation de connaissances qui portera par ailleurs sur des événements que vous pensiez n’avoir jamais étudiés ;
  • Une dégustation de fromage qui vous fera comprendre que les « gags » autour du maroilles dans Bienvenue chez les ch’tis ne sont pas vraiment exagérés ;
  • Des heures passées sur des cartes IGN qui risquent de vous rendre myope ;
  • Un voyage scolaire en fin d’année qui fera de bons souvenirs à raconter à vos enfants (du type « j’ai dormi dans un dortoir à 18 sans douche et sans électricité après 21h avec mes deux profs de géo à presque 3000 mètres d’altitude ! ») ;
  • Je n’évoquerai pas la géologie, pour ne faire fuir personne ;
  • Chaque année, des moyennes au concours de l’ENS dans ces deux matières supérieures à la moyenne nationale, preuve de la qualité de la formation, avec, chaque année, des notes comme 18/19/20 (affirmation non contractuelle) ;
  • Vous voulez vraiment faire de la géologie ?
  • Au détour d’une carte, il y a toujours moyen de trouver un bon spot de vacances pas très cher encore assez peu méconnu, histoire d’être à l’avance sur tout le monde ;
  • Dois-je vous mettre en garde, à nouveau, contre la géologie ?
  • Contrairement à ces pauvres théâtreux et spé ciné qui doivent faire leurs DS le samedi de 8h à 14h, les épreuves de spé histoire-géo ne durant que 3h, elles se déroulent souvent pendant la semaine ;
  • Quand le miasme politique ambiant vous abreuvera de « la civilisation romaine s’est éteinte à cause des invasions barbares et il en sera de même pour la nôtre » en évoquant les réfugiés, vous pourrez répondre sans vous démonter « avez-vous lu, cher ami, Barbarians and Romans de ce cher W. Goffart ? ».

En résumé, c’est une année assez riche qui vous attend si vous choisissez l’histoire-géographie. L’éventail des possibilités reste, après, très large : outre une suite d’études à la fac en histoire ou en géo, voire l’ENS, nombre de mes khâmarades ont opté pour d’autres voies comme un parcours en droit et sciences politiques, ou encore pour une entrée dans les différents IEP. Beaucoup sont également partis à l’étranger, que ce soit au Chili ou en Nouvelle-Zélande.

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